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Les réseaux mycorhiziens : l'internet souterrain des forêts

Dernière mise à jour : 12 août

Existe t-il réellement des échanges secrets entre les arbres au sein d'une sorte de réseau souterrain ? Les principaux éléments permettant de répondre à cette question sont les notions de "mycorhize" et de "réseau mycorhizien". De nombreuses études scientifiques ont été menées sur le sujet.


Sommaire



De curieuses associations symbiotiques


Comprendre les rouages des réseaux mycorhiziens passe d'abord par l'appréhension du terme "mycorhize", une relation de symbiose entre des champignons et les racines des plantes. Il s'agit alors de champignons mycorhiziens, comme les cèpes et les girolles, formant un réseau souterrain, colonisant puis connectant entre elles les racines de plusieurs arbres ou plantes de sous-bois. Ce processus de formation porte d'ailleurs un nom : la mycorhization.


Aussi, ces réseaux ont plusieurs surnoms tels que l'Internet souterrain des forêts, l'Internet des arbres ou même le Wood Wide Web en référence au célèbre World Wide Web. Cette association symbiotique permet aux champignons de recevoir des sucres provenant de la photosynthèse des plantes. Ces dernières sont également gagnantes, car les champignons permettent aux racines de mieux absorber l'eau et les sels minéraux présents dans le sol.


Illustration du phénomène de mycorhize.
Illustration du phénomène de mycorhize. Crédits : Aquaportail.

Ces arbres et plantes sont donc reliés par des champignons à l'origine d'ectomycorhizes, une forme de symbiose mycorhizienne. Le mycélium fongique (l'appareil végétatif des champignons, composé d'un ensemble de filaments appelés "hyphes") s'enroule autour des racines pour former un manteau mycorhizien, sans toutefois pénétrer dans les cellules du végétal. En revanche, certains champignons peuvent être en lien à un seul végétal en particulier.


Par ailleurs, certaines plantes et certains arbustes partagent des champignons différents, le tout formant des endomycorhizes, une autre forme de symbiose mycorhizienne. Étrangement plus fréquente, cette configuration a la particularité de créer un contact plus étroit entre les plantes et les champignons. Ici, le mycélium pénètre dans les cellules du cortex de la racine, formant ainsi des structures que l'on nomme "arbuscules".


La Forêt et le bois en 100 questions de l'Académie d’Agriculture de France (en ligne) explique ces associations symbiotiques en détail et permet ainsi d'aller plus loin dans la connaissance du phénomène.


Également, des travaux inédits pilotés par l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), publiés en avril 2025, ont permis d'observer clairement la complexité de ces réseaux mycorhiziens et ce, grâce à l’analyse par imagerie (voir exemple ci-après).


    Photographie de réseaux mycorhiziens. Source : Loreto Oyarte Gálvez / Inria
Photographie de réseaux mycorhiziens. Source : Loreto Oyarte Gálvez / Inria

Échanges de nutriments et de signaux d'alerte


Quelles sont les applications concrètes de ces associations symbiotiques ?


Une étude menée par une équipe de l'Université de Colombie-Britannique (Canada), publiée dans la revue Nature en 1997, a notamment démontré l'existence d'échanges au sein des réseaux mycorhiziens, plus précisément de flux nutritifs. Il peut par exemple être question d'une transmission de carbone sous forme de sucres, en provenance de certains arbres vers d'autres arbres ou plantes plus jeunes ayant du mal à effectuer leur photosynthèse.


Dans le cas des endomycorhizes, les arbuscules donnent la possibilité au manteau mycorhizien d’augmenter jusqu'à cent fois la surface d’absorption des racines de la plante. Ces racines accèdent donc à davantage de nutriments


Selon une autre étude publiée dans la revue Science en 2020 et menée par le Museum d'histoire naturelle d'Estonie, les arbres et les plantes sont capables de transmettre des informations via l'émission de composés organiques volatils (COV), d'acides organiques ou encore, de phytohormones. Grâce aux réseaux mycorhiziens, ces végétaux peuvent donc alerter leurs semblables. Ceci peut notamment se produire lors d'une situation de stress, par exemple en cas d'attaque par des insectes. Ainsi prévenus, les autres plantes peuvent renforcer leurs défenses en produisant notamment des substances capables de repousser ou d'empoisonner les nuisibles.


Limites et questions ouvertes à propos du réseau mycorhizien


D'un point de vue scientifique, le potentiel caractère conscient de la communication via les réseaux mycorhiziens n'a jamais été prouvé ! Si les végétaux présentent effectivement des mécanismes de communication et de réponse aux stimulus, il existe un consensus quant à une absence de système nerveux, qui serait comparable à celui des humains et des animaux. De ce fait, il n'existe aucune preuve scientifique accordant aux végétaux des sentiments ou autre capacité à ressentir la douleur.


Pour être plus précis, une plante ou un arbre peut se sentir menacé, par exemple par le feu, une taille ou la sécheresse, mais ne ressent pas la douleur en tant que telle. Cependant, certaines molécules émises (les COV mentionnés ci-dessus) sont un signal d'alarme. Ainsi, l'odeur de l'herbe coupée par la tondeuse est son signal d'alarme. En l'état des connaissances actuelles sur le sujet; il est admis que les signaux chimiques et les échanges de nutriments évoqués dans cet article résultent de processus biochimiques automatiques.


De plus, certains scientifiques n'hésitent pas à mettre en garde contre toute interprétation anthropomorphique qui par définition, prêterait des intentions humaines aux végétaux (même si l'idée est séduisante, voire rassurante). Il est donc préférable d'utiliser d'autres notions telles que "transferts d'informations" ou encore, "interactions écologiques".


Depuis trop longtemps, nous avons tendance à considérer notre environnement, qu'il s'agisse des arbres, des animaux ou même du cosmos, selon notre perspective humaine. Mais celle-ci n'est pas pour autant source de vérité absolue ! Les avancées, aussi bien scientifiques et quantiques que -j'ose l'écrire- chamaniques, au cours des différentes époques nous l'ont démontré plus d'une fois ;)


Enfin, certaines interrogations concernant les réseaux mycorhiziens demeurent sans réponse et restent donc ouvertes, malgré les nombreuses études existantes.


En voici deux exemples :

  • Dans quelle mesure ces échanges souterrains sont-ils capables d'influer sur l'ensemble des dynamiques relatives aux écosystèmes forestiers ?

  • Quid de l’impact sur le long terme de ces interactions en ce qui concerne la biodiversité et la résilience des forêts face au dérèglement climatique ?


Affaire à suivre, peut-être dans un prochain article...


Venez tester la sylvothérapie et observer en direct l'importance du réseau mycorhizien lors des balades grand public que je propose sur la région nantaise (consultez la rubrique Balades et Formation Sylvothérapie).


Je propose également des cartes cadeaux de sylvothérapie : vous savez à présent que demander à votre anniversaire ! C'est aussi l'occasion de partager un moment inoubliable avec un(e) ami(e) ou en famille.


Je vous souhaite de belles balades dans la nature.

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